En thérapie, nous rencontrons de nombreux freins à la guérison. L’ego ou la « personnalité parasitée », comme j’aime l’appeler, possède un arsenal puissant et complexe pour nous empêcher de nous éveiller, de nous épanouir, de nous relier à « notre essence » profonde qui n’est que paix et amour et qui ne connaît pas de limite. Cela peut paraître étrange aux novices mais que cela vous plaise ou non, c’est ainsi qu’il en va chez nous tous et mieux vaut en prendre conscience car c’est la seule manière d’empêcher la manœuvre d’échec de cet omnipotent moi. Les différents outils utilisés par l’ego sont toujours fondés sur une utilisation pervertie de la peur. La culpabilité n’y fait pas exception et peut elle aussi être détournée par notre mental pour nous rendre misérable.
Faisons le point sur ce mélange d’émotions qu’est la culpabilité afin de définir de manière très pragmatique à quel moment elle est nécessaire voire primordiale et à quel moment elle est pathologique.
Commençons par reconnaître que la culpabilité est naturelle et utile. C’est un signal qu’un conflit s’opère en nous. Alors plutôt que de la fuir systématiquement, comme certaines approches de développement personnel le préconisent, je vous suggère plutôt d’y faire face et de l’accueillir car ignorer la culpabilité n’est autre qu’un évitement transitoire, comme refuser d’aller retirer un courrier par peur qu’il soit désagréable, comme se concocter une bombe à retardement. Décider d’en prendre la responsabilité est sans aucun doute plus pertinent mais encore faut-il affiner son approche pour trouver le bon sens, l’équilibre, et surmonter ce qui nous fait peur.
C’est finalement assez simple et voici une technique à utiliser la prochaine fois que vous ressentirez de la culpabilité :
1- Demandez-vous de quoi précisément vous sentez-vous coupable ?
2- Avez-vous réellement fait quelque chose de MAL ? Cette culpabilité est-elle légitime selon vous ? Êtes-vous vraiment responsable ? Avez-vous fait quelque chose de répréhensible ? (Voir la liste plus bas des raisons « légitimes » de culpabiliser).
3- Deux options pour répondre à cette deuxième question : Oui ou non ! (Pas de : oui mais non, ou, non mais…) C’est là que l’exercice peut être périlleux pour certains, n’hésitez pas à vous faire aider par une personne de confiance ou un professionnel pour retrouver le bon sens, la justesse.
4 – Si la réponse est OUI, la seule autre question à se poser est : « Existe-t-il une manière de réparer ? » ; « Que puis-je faire pour réparer ? »
A celle-ci, la réponse est toujours affirmative et c’est à vous de trouver comment même si dans certains cas, seule une réparation symbolique pourra être réalisée. (voir ici l’article sur l’acte symbolique) Il ne vous reste plus qu’à trouver le courage de vous y employer et de lâcher prise quant au résultat ! (lire ici l’article sur le lâcher-prise)
5 – Si la réponse est NON, reconnaissez que la culpabilité que vous ressentiez n’était pas fondée ! Libérez-vous alors en analysant le pourquoi du ressenti d’un tel signal alors que vous n’aviez rien fait de blâmable. C’est là qu’un travail sur la culpabilité pathologique peut-être nécessaire si cette situation devient récurrente.
Le sentiment de culpabilité est intimement lié au sentiment de honte et à la fausse croyance que l’amour est hautement conditionnel. Nous avons tous reçu des injonctions de conformité auxquelles nous nous sommes pliés pour être acceptés par la famille, les amis, le groupe, la société. A l’âge adulte, il est sage de revisiter ces injonctions et de définir celles qui nous conviennent toujours de celles qui nous empêchent d’être nous-mêmes !
A ce stade, le mot responsabilité est primordial car la plupart des personnes qui souffrent de culpabilité excessive ont du mal à faire la différence entre ce qui est de leur ressort et ce qui ne l’est pas. (lire ici l’article sur « nos responsabilités ») Ces personnes ont tendance à avoir peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur. Les origines de ces différentes peurs sont multiples mais les individus qui souffrent « d’obstacles » d’auto-dévalorisation, d’auto-destruction et de victimisation sont les plus prédisposés à ces sentiments dépréciatifs. (En savoir plus sur « les obstacles » ici). Le mot faute, avec sa connotation religieuse et morale négative, doit être alors remplacé par le mot responsabilité. L’un est infantilisant, l’autre, adulte, incite à la maturité. On de dit pas « C’est de ma faute mais c’est de ma responsabilité » (ou pas ) !
Attention, les manipulateurs sont experts dans l’art de faire culpabiliser et les personnes particulièrement altruistes et compatissantes sont des proies faciles pour ces derniers. Si vous avez des doutes et pensez peut-être vous trouver dans une situation où vous êtes manipulé, lisez ici l’article « Démasquons les manipulateurs ».
Illustrons à présent avec des exemples concrets, la technique exposée plus haut :
1- Demandez-vous de quoi précisément vous sentez-vous coupable ?
« Pour une erreur professionnelle que j’ai commise, j’ai menti et évité de prendre mes responsabilités pour ne pas être sanctionné et j’ai laissé un collègue être réprimé à ma place.
2- Avez-vous réellement fait quelque chose de MAL ? Cette culpabilité est-elle légitime selon vous ? Êtes-vous vraiment responsable ? Avez-vous fait quelque chose de répréhensible ? (Voir la liste plus bas des raisons « légitimes » de culpabiliser). OUI
3- Deux options pour répondre à cette question : Oui ou non !
OUI sans équivoque possible. Le sentiment est donc légitime et le signal utile.
4 – Si la réponse est OUI, la seule autre question à se poser est : « Existe-t-il une manière de réparer ? » ; « Que puis-je faire pour réparer ? »
Se dénoncer, assumer ses responsabilités, présentez ses excuses, lâcher prise sur comment cela va être perçu.
Autre exemple :
1- Demandez-vous de quoi précisément vous sentez-vous coupable ?
« Je me sens coupable d’envisager de refuser une invitation malgré un état de fatigue prononcé »
2- Avez-vous réellement fait quelque chose de MAL ? Cette culpabilité est-elle légitime selon vous ? Êtes-vous vraiment responsable ? Avez-vous fait quelque chose de répréhensible ? (Voir la liste plus bas des raisons « légitimes » de culpabiliser). NON
3- Deux options pour répondre à cette question : Oui ou non ! .
NON, sans équivoque et encore plus si c’est systématique et que vous n’arrivez pas à dire non, à vous faire passer en priorité quand c’est nécessaire et légitime. (Lire l’article sur « savoir poser des limites » ici)
4- Si la réponse est NON, reconnaissez que la culpabilité que vous ressentiez n’était pas fondée ! Libérez-vous alors en analysant le pourquoi du ressenti d’un tel signal alors que vous n’aviez rien fait de blâmable. C’est là qu’un travail sur la culpabilité pathologique peut-être nécessaire si cette situation devient récurrente et un travail sur l’enfant intérieur est recommandé (Un nouvel atelier ainsi qu’un article et accompagnement audio sur ce thème seront disponibles à l’automne 2021- inscrivez-vous à la newsletter pour recevoir les dates )
Ces deux exemples permettent de mettre en lumière à quel point la culpabilité pathologique se différencie de la culpabilité saine. Cette dernière découle de situations où il existe au moins un de ces points :
- Insatisfaction ou souffrance après un choix qui se révèle être mauvais.
- Mensonge.
- Trahison.
- Agression physique, verbale ou morale.
- Désir / acte de vengeance.
- Rancœur entraînant une méchanceté volontaire ou involontaire.
- Désir de nuire à l’autre ou de saboter une situation.
- Manque de courage pour assumer ses responsabilités
On peut aussi avoir fait quelque chose de mal sans en avoir eu l’intention, sans préméditation, il faut cependant l’assumer.
La culpabilité pathologique est toujours issue d’au moins un de ces points :
- Manque de confiance en soi.
- Difficulté à dire non, à s’imposer.
- Difficulté à prendre du temps pour soi, à se « faire » du bien , à prendre du plaisir.
- Peur de ne plus être aimé, d’être rejeté, abandonné.
- Difficulté à différencier ce qui est de la responsabilité de l’autre et de la sienne.
- Loyauté envers un schéma familial pathologique où l’on a probablement été « parentalisé », c’est-à-dire où l’on a dû prendre des responsabilités d’adulte alors que l’on était encore un enfant.
- Sous l’emprise d’une manipulation mentale qui brouille notre “bon sens” , on se sait même plus ce qui est bien ni ce qui est mal.
Par exemple, on peut se sentir coupable d’être trop souriant si notre compagnon nous reproche sans cesse de sourire à tous le monde, prétextant que c’est de la séduction. Il ne prend pas la responsabilité pour sa propre insécurité et vous reproche de la provoquer ! Pourtant, sourire n’est pas ma, ni répréhensible.
(Ces Listes ne sont pas exhaustives)
L’objectif de cet article est de mettre en lumière cette mécanique destructrice, qui pour certains ou certaines est peut-être le début d’une prise de conscience et d’un travail de rééducation pour se libérer de ce POISON handicapant de la culpabilité pathologique et enfin accepter de vivre !
L’approche peut paraître simpliste pour quelques uns, tant mieux. Cela montre que votre rapport à la culpabilité est sain. Pour tous les autres, et il y en a beaucoup, c’est l’occasion de vous rendre compte que vous n’êtes pas seul. Au cabinet, trop de patients souffre d’une distorsion de la culpabilité. Trouvez alors le courage d’agir seul ou bien décidez de vous faire accompagner dans ce re-équilibrage émotionnel indispensable pour votre bien-être.
Pour approfondir votre travail personnel sur ce thème, suivez-moi durant 28 minutes dans l’accompagnement audio suivant : « Se libérer de la culpabilité excessive » !
Prenez-soin de vous et les uns des autres,
Laetitia Santarelli
Se libérer de la culpabilité excessive ! OFFERT
Suivez-moi dans cet audio de 28 minutes pour approfondir votre travail de libération de la culpabilité excessive.
Cet audio est composé de deux parties, nous revisiterons les injonctions de conformité qui vous ont affaibli dans un exercice pratique afin de vous en débarrasser puis nous consoliderons avec une visualisation qui vous permettra d’exprimer votre authenticité.