La Compassion

Les bienfaits de la compassion 

Dans un monde de plus en plus égocentré, un monde de fossés et d’inégalités, voyons comment et pourquoi renouer avec l’élan de compassion pourrait créer un changement significatif et inverser cette tendance.

Compassion nous vient du latin cum patior, « je souffre avec », et indique un sentiment par lequel un individu est porté à percevoir ou ressentir la souffrance d’autrui et se trouve poussé à y remédier, par amour ou moralité. 

Partant de cette définition, on peut supposer que sans ce sentiment, l’humanité entière se serait entretuée ou aurait peut-être déjà disparue.

D’un point de vue neurologique, l’empathie et la compassion sont générées entre autres grâce aux neurones miroirs. Ces derniers nous permettent de ressentir et de mimer l’autre tant dans ses émotions que dans sa gestuelle : les larmes qui montent devant une personne en pleurs, le sourire ou le bâillement communicatifs, la grimace que nous avons envie de reproduire lorsque quelqu’un vient de se faire mal devant nous ou croque dans un citron …

Les psychopathes sont réputés pour connaître un dysfonctionnement de ces neurones miroirs, ce qui explique leur regrettable manque d’empathie et la non moindre impossibilité chez eux de reconnaître les mimiques de souffrances sur le visage de l’autre.

Chez l’enfant, ces neurones permettent l’apprentissage par mimétisme. La compassion est ainsi essentielle pour son développement psycho-affectif. Par là, intègre-t-il les règles de vie en communauté, le respect de soi et de l’autre et idéalement à l’âge adulte devient-il responsable de ses actes et des conséquences de ses agissements envers autrui.

Toutes les formes de spiritualité invitent à développer ce sentiment au-delà du minimum engendré par la réponse physiologique des neurones miroirs et au-delà de la facilité que nous avons à aider ou aimer nos proches. Mais si avoir de la compassion pour les personnes que nous aimons est aisé, en avoir pour des individus sans affinité particulière, voire des inconnus relève d’un autre état de conscience, d’une certaine grandeur d’âme. Quelques personnes, par ailleurs, choisiront de l’étendre au-delà des interactions humaines en l’élargissant aux animaux et à la nature pour refuser de participer directement et indirectement aux actes de cruautés perpétués envers ces derniers. 

Dans certaines professions, la compassion, l’empathie et la bienveillance semblent être des pré-requis. On voit mal comment un médecin, un pompier ou une aide à la personne âgée ou handicapée pourrait exercer convenablement ses activités sans une vraie capacité à se décentrer de soi-même pour accompagner l’autre vers un mieux-être. Le piège ou la ligne à ne pas franchir est de tomber dans la caricature du « Sauveur » au risque de brouiller les responsabilités de chacun. En effet, il existe d’énormes bénéfices secondaires à être sauveur autant que victime, ou bourreau mais ce triangle dramatique plus connu sous le nom de triangle de Karpman est un « jeu » inconscient, un dysfonctionnement relationnel bien connu en psychologie sur lequel nous aurons l’occasion de revenir prochainement. Quoi qu’il en soit, il est donc indispensable d’exercer les fonctions d’accompagnateur, de « facilitateur », d’éducateur avec justesse.

Voyons à présent quels bénéfices retirons-nous en choisissant volontairement d’accroitre notre compassion.

La souffrance issue de la maladie, d’une rupture, de problèmes financiers, de douleurs physiques, mentales ou émotionnelles…est « douée » d’expansion. Lorsque nous souffrons, la peine nous envahit comme un brouillard dense et rapidement nous nous retrouvons englué dans notre malheur et dans un insoutenable isolement qu’il soit réel ou symbolique. Il nous renvoie à la séparation, à la déconnexion et cela génère inconsciemment en nous des peurs ancestrales.

C’est là que la compassion peut nous permettre de briser cette tentative d’isolement de notre Ego qui n’a de cesse de vouloir nous torturer et nous rendre misérable en nourrissant des craintes illusoires en nous.

Pensez à l’autre, s’ouvrir sur ses besoins va nous permettre de nous décentrer, de relativiser en prenant du recul sur notre vie, sur ce qui nous fait souffrir. (C’est aussi une bonne manière de porter un meilleur regard sur soi pour les personnes qui manquent d’amour propre). Pensez à l’autre, c’est s’orienter vers la richesse de relations humaines désintéressées, c’est sortir des schémas qui peuvent faire souffrir si on se focalise sur ce que l’autre a et que l’on ne possède pas. Pensez à l’autre, c’est aussi l’occasion d’apprendre à accepter de recevoir de l’aide en retour, alors que certains « sauveurs » ont pour défaut de donner sans compter et de ne pas savoir demander ou accepter de l’aide lorsqu’ils en ont besoin, ce qui engendre chez eux un grave déséquilibre relationnel. 

Vous avez tout intérêt à commencer à développer votre empathie si :

  • Vous êtes submergé.e par vos problèmes, focalisé.e sur la négativité et sur ce qui ne va pas dans votre vie. 
  • Vous souffrez de douleurs chroniques ou luttez contre une maladie.
  • Vous êtes envieux, insatisfaits, avec une tendance à la victimisation ou sans cesse dans l’attente de recevoir des autres de l’attention, de l’aide… 
  • Vous êtes avare, trop orienté.e sur le matériel et l’argent.
  • Vous êtes méfiant, blessé et que vous ne faites confiance à personne.
  • Vous souhaitez lutter contre l’hypocrisie et développer des relations authentiques.
  • Vous souhaitez simplement apporter votre contribution au sein de votre communauté en améliorant votre qualité de vie et celles des autres.

Vous pouvez bien sûr vous investir au sein d’une association caritative, mais nous ne sommes pas tous égaux face à ce besoin d’être en groupe. A vous de trouver dans ce cas l’approche qui vous conviendra le mieux. 

Voici une pratique que j’aime particulièrement, qui est accessible à tous et à tout moment :

Chaque jour, dans un lieu public, prenez le temps de faire cet exercice :

Portez votre attention sur des personnes autour de vous que vous croisez simplement. Puis commencez à leur accorder mentalement ce dont elles pourraient avoir besoin… Faites-le avec un léger sourire interne et externe, faites-le comme si vous en aviez vraiment le pouvoir. A cette femme avec des béquilles, offrez-lui (entendez : souhaitez-lui ) la guérison ; à cet enfant qui pleure, offrez-lui la consolation ; à ce sans-abri, offrez-lui plus de confort, à ce couple qui se dispute … l’apaisement … aux autres sans signes évidents d’un « besoin » souhaitez-leur juste d’être heureux. Vous voyez l’idée j’en suis sûre.

Notez votre ressenti après avoir passé ce moment à vouloir le meilleur pour pour les autres, pour ces inconnus… Comment vous sentez-vous à présent ? Mieux probablement ! Alors, n’hésitez pas à renouveler cette pratique au quotidien ! 

Distribuez gratuitement de l’amour, des bons souhaits vous aidera à chasser la peur du manque, la peur d’être seul.e. En faisant cet exercice vous vous rendrez compte que l’amour est une ressource inépuisable qui jaillit de notre cœur et que nous pouvons distribuer librement à autrui et à nous-même. L’amour est une puissante énergie de guérison. 

Dans les exercices de visualisation qui suivent cet article, nous commencerons par un « nettoyage » complet du cœur, de toutes les émotions négatives accumulées qui pourraient vous empêcher d’utiliser pleinement cette énergie. Puis nous apprendrons à la diriger avec justesse et efficacité envers nous-même, et les autres qu’ils soient proches, inconnus, voire ennemis.

Au plaisir de poursuivre ce travail avec vous.

Laetitia Santarelli