À quand remonte votre dernière colère ? Quel était son degré d’intensité ? Quelle était la déception qui l’avait engendrée ? Etait-elle issue d’une réaction de votre ego ou de votre bon sens ? Mais surtout, qu’avez-vous fait de cette énergie de feu ? Comment l’avez-vous utilisée ? A bon escient ou sans discernement ?
Beaucoup de questions et les réponses ne sont pas simples, n’est-ce pas ?
La colère est une émotion puissante et riche mais complexe à gérer. Comme le feu, il faut savoir en tirer les qualités de transformation et de purification sans se brûler, sans calciner l’autre ou allumer un incendie dévastateur sans raison appropriée. Voici quelques pistes de réflexion pour mieux comprendre et mieux dompter cette émotion.
Il est intéressant de constater que certains nient le sentiment de colère et prétendent ne jamais la ressentir. Pourtant, si limiter la colère va plutôt dans le bon sens, sa totale absence est inquiétante car c’est la porte ouverte aux relations toxiques et abusives. Dans certaines familles, il est interdit de l’exprimer ouvertement et sainement. Il faut être un enfant adapté et facile à vivre. Dans ce cas, La colère est intériorisée et se transforme alors en une culpabilité disproportionnée.
En psychothérapie, ces personnes exprimeront tristesse ou victimisation, au lieu d’une indignation légitime, engendrant des difficultés de positionnement à l’âge adulte et un travail sur soi impératif pour y remédier.
D’autres, en revanche, semblent passer leur vie en colère, sans pour autant évoluer, tant ils sont pris en boucle dans des scénarios de destruction de soi et d’autrui, de besoin excessif de contrôle. Là, ego et orgueil triomphent mais comme nous le dit Evagre le Pontique, moine du IVeme siècle après J.C., l‘orgueil est un ennemi, il est « la cause de la chute la plus dommageable de l’âme »
En « hyper » ou en « hypo », la colère trahit un déséquilibre en nous en lien avec notre côté “masculin”, (lire l’article Equilibrer le féminin et le masculin en nous) géré par le 3ème chakra, celui du plexus solaire, engendrant lorsque que son fonctionnement est disharmonieux des problèmes digestifs et des atteintes du foie (organe en lien avec la colère dans la médecine traditionnelle chinoise.). Des colères autant inattendues qu’explosives ou au contraire une soumission tout aussi imprévue, déconcertent. Pour sortir de ces schémas extrêmes, il est impératif de chercher à se comprendre et à analyser l’origine de ses mécanismes avec la volonté de les modifier quel que soit l’effort à fournir.
Certains n’ont pas les bons outils de communication et se trouvent submergés par leurs émotions. Dans ce cas, il peut-être nécessaire de s’intéresser à la communication non violente ou CNV (pour les lecteurs locaux, une antenne de ce nom existe sur l’île de Saint-Barthélemy).
Le plus souvent, la distorsion vient de l’environnement dans lequel nous avons grandi. À l’âge adulte plutôt que de se comporter et de parler comme tel, les colériques vont adopter un discours dit « parental » (autoritaire, injonctif, omnipotent) avec leur entourage tandis que les soumis se placeront systématiquement dans le rôle de l’enfant (immature, irresponsable, espiègle, inadapté, blessé… là tout dépend de l’enfant que la personne était).
Mais, comment pouvons-nous utiliser une colère saine pour créer un changement positif ?
Il faut avant tout reconnaître la déception qui l’a engendrée. Cherchez bien : qui ? quoi ? quelle situation ? vous-même ? une personne ? une décision ? la société ? L’identifier est primordial pour comprendre si notre réaction est juste et éviter qu’elle ne se reproduise.
Puis identifiez la source de cette colère : Qui la ressent ? Votre ego ? L’essence même de votre être ? Est-elle accompagnée de compassion envers vous-même, une personne, une cause ? Car là, est l’ingrédient subtil qui fait la différence, comme nous l’explique le dalaï-lama, dans son petit ouvrage Be angry (Uniquement en anglais). Selon Tenzin Gyatso, que cette colère soit dirigée vers vous, un individu, un groupe d’individus, des animaux ou la nature, il est impératif d’être en colère face à :
- L’intolérance
- L’injustice
- L’inégalité
- La violence
- L’ignorance
- L’oppression
- L’irrespect
Là nous pouvons la nourrir et la transformer en action-compassion pour dire non, pour dire stop, pour désobéir, pour se protéger soi-même ou quiconque ayant besoin d’aide. Là seulement, elle peut générer de l’amour, de la paix, de la justice, de la guérison.
La colère peut être un excellent moteur pour nous permettre d’atteindre un objectif, de créer un changement individuel comme divorcer, guérir, démissionner, défendre, se discipliner… ou collectif comme manifester, se révolter, adhérer à des mouvements pacifistes…
La colère doit être utilisée “pure”, c’est-à-dire sans rancœur, sans désir de vengeance, sans agression gratuite, avec au moins l’intention de pouvoir pardonner un jour l’auteur de l’offense. C’est ainsi que vous bénéficierez le plus d’énergie créative.
Cette énergie est associée au printemps, à la force, à ce qu’il faut pour qu’un germe perce la membrane de la graine et se fraie un chemin vers le soleil.
Stephane Essel, auteur du très populaire livre Indignez-vous ! a déclaré lors d’une interview : “Je suis convaincu que l’avenir appartient à la non-violence, à la conciliation des cultures différentes. C’est par cette voie que l’humanité devra franchir sa prochaine étape ». Il n’est pas le seul contemporain à le penser et cela fait écho aux prévisions des Toltèques, qui selon leurs “grands calendriers”, annoncent que le nouveau grand calendrier, nommé “6ème soleil”, qui débute au moment où j’écris ces lignes, devrait permettre à l’humanité de s’affranchir des inégalités (notamment entre le masculin et le féminin), de la tendance que nous avons à chercher des solutions à l’extérieur de nous plutôt que de les trouver en nous, à devenir des êtres plus conscients et responsables, à collaborer plutôt qu’asservir, à arrêter la surexploitation des ressources humaines et naturelles, à redevenir respectueux de la planète en consommant autrement … Ces apprentissages colossaux se feront, selon eux, au travers de changements spectaculaires. La manière d’y arriver dépendra de nous tous et du degré de sagesse engagé… de plus de sagesse… de moins de souffrances…
Rassurez-vous, ce calendrier dure 6625 ans. Cela nous laisse le temps d’apprendre à maîtriser et surmonter notre noirceur. Mais n’oubliez pas que le résultat dépend de chacun d’entre nous et que chaque voix compte !
Pour conclure, continuez donc d’être en colère pour les grandes causes, pour défendre les plus vulnérables, pour plus de justice, de respect, de liberté et d’amour. Et agissez ! Ensemble nous sommes UN, unis nous sommes invulnérables.
Suivez-moi dans une visualisation active qui vous aidera à vous libérer des pôles négatifs de la colère pour exploiter les bénéfices “créatifs “ de cette énergie !
Prenez soin de vous et les uns des autres,
Laetitia Santarelli
Bibliographie :
Dalai Lama, Be Angry, Hampton roads, 2019
Utiliser la colère comme énergie créatrice Stéphane Hessel, Indignez-vous ! Indigène, 2010
Utiliser la colère comme énergie créatrice
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