Par Laetitia Santarelli
« Appréciez tout, même l’ordinaire. En particulier l’ordinaire. »
Pema Chödrön
Lorsque enfant, on nous apprend à dire merci, on nous signifie que c’est pour être poli, (du latin, politus, uni, lisse, brillant, jaune), puis on nous explique ce qu’est la politesse, un ensemble de comportements sociaux entre les individus dont le but est de nous percevoir les uns les autres sous notre meilleur visage. Mais au-delà de l’utilité pour l’harmonie entre les individus et le besoin de reconnaissance, l’authenticité fait défaut, surtout si on considère que le mot « merci » à une origine éloignée d’une vision policée de l’individu puisqu’il se rapporte à une notion de marchandise, de marché entre personnes.
La gratitude, du latin gracia, la grâce, ne serait-elle pas plus honorable pour exprimer sa reconnaissance et dépasser l’être poli « comme un sou neuf » ?
C’est sans aucun doute un sentiment qui « vibre » plus haut. Voyons donc ensemble comment apprendre à la ressentir et à l’exprimer pour vivre mieux.
Comme toutes les expressions de l’être, la gratitude est une fréquence. Lorsque vous vous synchronisez avec elle, votre état mental, physique et émotionnel s’améliore, vous êtes allégé. Serait-ce donc cela l’état de grâce ? La ressentir et l’exprimer dans son esprit à voix haute ou à l’écrit est la manière la plus rapide et efficace d’élever son taux vibratoire et de sortir d’un état d’âme lourd et plombant.
Plusieurs études ont été menées sur le sujet, notamment par des chercheurs de l’université de Berkeley en Californie. Ils ont découvert que lorsqu’une personne exprime fréquemment sa gratitude, sa santé mentale s’améliore significativement dès 3 semaines et que l’effet est exponentiel avec le temps. Les sujets de l’expérience ont par ailleurs exprimé le fait qu’ils se sentaient plus heureux et moins déprimés. Les images IRM ont confirmé scientifiquement ce que la sagesse des cultures traditionnelles et la spiritualité enseignent depuis toujours.
Deepak Chopra, penseur, médecin, conférencier, écrivain et promoteur de la méditation aux États-Unis nous explique que d’un point de vue spirituel, exprimer sa gratitude est le meilleur moyen d’éclipser l’ego, de l’user car reconnaître nos bénédictions nous procure une joie profonde et une sensation de sécurité puisque nous fonctionnons à partir d’une compréhension de l’existence empreinte de compassion. Ainsi, sentons-nous le miracle de la vie issu d’une source d’amour infinie sans lien avec notre ego étroit et limité. Il ajoute que c’est comme si vous disiez à l’univers : « S’il te plaît, donne-moi plus de cela », pour ce envers quoi nous exprimons une gratitude : la santé, la prospérité, la beauté autour de vous, la chaleur des relations avec vos proches…
C’est une excellente manière de se focaliser sur le positif, sur ce que nous avons déjà et sur ce qui est agréable dans notre vie plutôt que de s’attarder sur le négatif, sur ce qui nous manque. En s’y mettant tous ensemble, pourrions-nous stopper le consumérisme fanatique, et ne plus voir des gens se marcher dessus le jour de l’ouverture des soldes ? Cela pourrait en valoir la peine, n’est-ce pas ?
C’est aussi l’outil le plus efficace pour passer d’une conscience de pauvreté matérielle ou spirituelle à une conscience d’abondance. Toutes les personnes qui ont du mal à accéder à ce confort doivent effectuer un travail sur elles-mêmes pour trouver les racines de cet empêchement et inclure fortement la gratitude dans leur quotidien.
Considérer que tout est cadeau permet d’arrêter de prendre pour acquis tout ce qui va bien dans notre vie. La notion de contentement s’en trouve renforcée et permet d’évoluer. Elle facilite votre énergie au service de ce qui compte vraiment pour vous et de ce dont vous manquez réellement. En cessant d’alimenter la peur du manque, vous récupérez cette énergie et la mettez au profit de vos projets d’évolution.
Quand on est présent et reconnaissant, on est nulle part ailleurs. D’après Alexander Korb, neuroscientifique à l’université de Los Angeles, il est impossible de se concentrer en même temps sur des sentiments négatifs et positifs. Quand nous éprouvons de la gratitude, notre cerveau sécrète de la dopamine (l’hormone de la récompense), qui nous donne envie d’éprouver à nouveau ce sentiment. C’est ainsi que l’on commence à prendre l’habitude d’être dans la gratitude. D’après lui : « Une fois que l’on trouve des raisons d’être reconnaissant, le cerveau commence à chercher d’autres raisons de l’être ». Il s’agit donc d’un cercle vertueux, une forme d’addiction positive.
Voici quelques exercices que je vous conseille de renforcer par l’accompagnement audio en lien avec cet article. Je vous y guide à sentir l’état de gratitude, là où est réellement le remède, afin que vous puissiez vous entraîner et provoquer plus facilement et rapidement cette sensation en vous quotidiennement puis ad vitam aeternam. Si éprouver de la gratitude pour les bonnes choses dans notre vie est assez facile, il en va tout autrement pour nos expériences douloureuses mais c’est là qu’est disponible une énergie phénoménale et l’accompagnement vous aidera à la trouver en vous, d’où l’intérêt de relever les manches pour aller la récupérer.
- Le journal de gratitude
C’est un outil simple et efficace mais le défi est de s’y tenir.
Chaque jour, de préférence à la même heure, (choisissez le moment qui vous convient le mieux : avant de vous coucher, au réveil, pendant votre pause déjeuner…), inscrivez au minimum 3 choses envers lesquelles, sur le moment, vous éprouvez de la gratitude. Augmentez le nombre progressivement à 5 puis à 10 ou plus. Rassurez-vous, au début, certaines personnes ont du mal à en trouver 3 ! Elles sont si habituées à se focaliser sur ce qui va mal qu’elles ne voient plus la grâce dans le fait d’avoir de l’eau courante et chaude de surcroît, d’être en bonne santé, sans handicap, de sentir un rayon de soleil sur la peau, de voir un enfant rire aux éclats, d’avoir une (des) relation(s) de confiance et épanouissante(s), une voiture…. La liste est interminable en fait !
Vous voyez, c’est simple et cela n’enlève en rien à son efficacité. Très rapidement on ressent un effet positif au quotidien.
- La lettre hebdomadaire de gratitude adressée à quelqu’un
Que cette lettre soit remise à la personne ou pas, les effets sont identiques, (seules en moyenne, 23% des personnes les donnent) même si lorsqu’on la transmet, on renforce la relation et on reçoit de la gratitude en retour dans un échange gagnant-gagnant.
L’écrit restructure le cerveau efficacement dans la gestion et l’organisation des émotions. Il est libérateur et générateur d’abréaction.
Cette lettre peut aussi être adressée à une personne décédée, à une personne connue qui vous inspire, à un lieu, à un animal de compagnie … Ne vous limitez pas qu’à votre cercle de proches.
- « Sourire aux anges » 😇
Où que vous soyez, décidez-vous à sourire, même légèrement. Puis, observez autour de vous et trouvez quelque chose qui vienne justifier celui-ci : la photo de vacances sur le réfrigérateur, votre chat qui dort adorablement, les fruits frais dans le panier, l’océan, un papillon qui passe, le visage de votre enfant …. Poursuivez sur cet élan en le renforçant par des sources simples et concrètes de plaisir et de contentement. Vous finirez par arborer un sourire radieux et à vous sentir heureux, comblé, béni et vous éprouverez naturellement de la gratitude pour tout cet « ordinaire ».
- #gratitude #blessed, #gratefullness …
Pour les plus connectés qui aiment passer du temps sur les réseaux sociaux, n’hésitez pas à suivre ce type de mouvement. Inévitablement, vous serez inspiré… Attention néanmoins. Suivre un # est une bonne intention mais ce n’est pas la même chose que de créer chaque jour une gratitude sincère et intentionnelle dans vos vies.
Je vous laisse à votre pratique de la gratitude. Demandez-vous juste à quoi ressemblerait notre monde si chaque individu commençait sa journée en remerciant la vie pour les cadeaux les plus fondamentaux et essentiels qu’elle lui apporte.
Prenez-soin de vous et les uns des autres,
avec gratitude.
Laetitia Santarelli
Sources :
Pema Chödrön, When things fall apart: Heart advices for difficult times, Shambhala Classics, 2000 (Conseils d’une amie pour des temps difficiles, Pocket, 2003)
https://chopracentermeditation.com
https://greatergood.berkeley.edu/article/item/how_gratitude_changes_you_and_your_brain
https://greatergood.berkeley.edu/profile/robert_emmons
Jay Shetty, Penser comme un moine, Guy Trédaniel, 2020