Déployer son adulte en guérissant son enfant intérieur
Notre société moderne a délaissé l’un des plus structurants rituels ancestraux pour notre développement psycho-émotionnel : le rite de passage à l’âge adulte. Cela pourrait-il expliquer pourquoi un si grand nombre se comporte comme des enfants ? D’adulte, ils n’en ont que l’enveloppe physique, intérieurement, ils sont immatures et sans repères.
En développement personnel, la guérison de l’enfant intérieur est une étape incontournable et un travail indispensable pour retrouver son authenticité. Couplée à un rite de passage à l’âge adulte, elle devient alors plus complète.
Dans l’enfance, nous devons tous, à des degrés divers, sacrifier de notre authenticité pour gagner en sécurité. Selon l’éminent psychologue Winnicot, plus l’environnement est « suffisamment bon », moins la part de sacrifice est importante. Mais dans certaines familles où l’amour est au conditionnel, les injonctions incontournables et le manque de sécurité physique et affectif considérable, il faut, pour ne pas être rejeté du clan ou gagner un semblant de sécurité, se transformer, perdre de sa valeur intrinsèque.
A partir de 5 grandes blessures : le rejet, l’abandon, la trahison, l’humiliation et l’injustice, deux grands schémas pathologiques se profilent vers une enfance adaptée ou une enfance blessée. Ainsi se retrouve-t-on souvent à l’âge adulte bien loin de la personne épanouie que l’on aurait pu être pour apporter une vraie contribution à la grande communauté humaine.
(Un atelier complet sur le thème de l’enfant intérieur et de l’émergence de l’adulte est prévu le 24 Octobre 2021 – Plus d’infos et inscription ici )
Imaginez par exemple, un enfant, très créatif et non conventionnel, grandissant dans un milieu intellectuel obtus qui dédaigne l’art et la créativité. Il ressentira peut-être le mépris de ses parents pour les artistes et se retrouvera ainsi en danger devant l’interdit d’être lui-même. Soit il s’oubliera complètement et fera ce que l’on attend de lui (enfance adaptée), soit il sera sujet aux dysfonctionnements qui le feront souffrir, lui et son entourage : maladies, délinquance, troubles du comportement … (enfance blessée).
Dans toutes les sociétés où l’on pratique le rite de passage à l’âge adulte, il y a un avant et un après. On ouvre symboliquement un portail et l’on invite l’enfant à y entrer en lui expliquant qu’il en sortira jeune adulte. Il a l’autorisation de muer en quelque sorte et de laisser ses blessures dans le monde de l’enfance en le lâchant et en construisant une nouvelle strate de sa personnalité. A lui revient dorénavant, la responsabilité de se comporter différemment.
La plupart du temps, ces rites sont en lien avec une quête dans la nature ou un isolement. Souvent, on envoie le / la jeune adulte chercher un message personnel, jeuner, chasser un animal spécifique, ramener un rêve ou la révélation d’un animal totem qui servira de guide de réalisation à la « médecine » spécifique de l’individu. Ces pratiques visent à accepter qui l’on est et à en tirer le plus grand potentiel. La tolérance est souvent de mise, chez les amérindiens. Par exemple, il est d’emblée établi qu’il existe 5 genres et non 2 comme dans la culture occidentale. Sont honorés les hommes, les femmes, les femmes masculines, les hommes féminins et les transgenres. Ces derniers sont considérés comme très puissants par leurs capacités à expérimenter les deux énergies, féminines et masculines. Voyez-vous l’économie de souffrances pour une personne transgenre ou homosexuelle sans cesse obligée de lutter contre elle-même pour s’ajuster aux normes étroites de notre société ? L’individu peut juste être lui-même et déployer ses qualités pour servir au mieux.
Pas si simple dans notre société, me direz-vous, d’appliquer le rite de passage à l’âge à adulte. Pas si sûr. Nous avons la possibilité de créer, de voyager. Que faut-il faire ? Simplement sortir de sa zone de confort en allant toutefois vers quelque chose qui nous « parle » : passer une ou plusieurs nuits en nature, entreprendre un voyage. Seul. Une retraite spirituelle, un pèlerinage … ? Vous avez l’embarras du choix. Alors, identifiez vos blessures premières, observez les schémas douloureux des expériences passées et vous trouverez inévitablement le fil rouge. Opérez un reparentage. Prenez en charge l’enfant que vous étiez. A partir de votre adulte, celui qui en vous a du bon sens, de la justesse, de la tolérance et un amour inconditionnel envers lui-même, apaisez-le. Guérissez-le, en lui donnant simplement l’autorisation d’être lui-même, de dire non, de dire oui, de dire et de faire ce qui lui plait dans le respect de soi-même et des autres.
Faites-vous aider si nécessaire. Notre inconscient nous reste inconscient. C’est donc toujours une bonne idée de voir en l’autre un moyen d’aller plus loin et d’explorer les zones douloureuses et obscures afin de les éclairer et de les remplir d’amour et de guérison.
Avec vos enfants, pensez à bien honorer les « caps » de leur développement, à mettre en lumière les responsabilités qui accompagnent leur autonomie et leurs nouvelles libertés…. Organisez des événements qui leur permettent de sentir qu’ils changent, qu’ils grandissent et évoluent. N’hésitez pas (en toute sécurité évidemment) à les faire sortir de leur zone de confort afin qu’ils se rendent compte qu’ils sont capables d’aller au-delà de ce qui est déjà acquis.
Greenlights, l’autobiographie (uniquement en anglais), du célèbre acteur américain, Matthew McConaughey est à ce sujet remplie d’anecdotes sur sa propre vie et sur les nombreux rites de passage (très peu conventionnels mais efficaces) auxquels ses parents l’ont soumis lui et ses deux frères sans compter ceux qu’il a créés pour lui-même par la suite. Un bel exemple qui montre à quel point le plus important n’est pas tant ce qui nous arrive et qui crée le narratif de notre vie que la manière dont on décide de le gérer et d’en tirer le meilleur.
Suivez-moi à présent dans une reflexion suivie d’une méditation durant 25 minutes pour travailler avec votre inconscient et déployer pleinement votre adulte.
A vos adultes, prêts, partez !
Prenez-soin de vous et les uns des autres.
Laetitia Santarelli